Histoire de l'extraction : Antiquité -52 / 500
Déjà les Grecs dans leurs comptoirs méditerranéens avaient commencé à importer de nouvelles manières de construire. À Marseille, des maisons furent ainsi édifiées en briques de terre crue (adobe) reposant sur des solins de pierre. Avant d’exploiter les carrières de pierre rose du cap Couronne au IIe siècle avant notre ère, pendant quatre siècles ils ont extrait un beau calcaire blanc, dit « de Saint-Victor », dont la carrière a été découverte récemment. Les Romains intensifient l’activité d’extraction de façon à répondre à une demande croissante : construction des centres civiques de la nouvelle société gallo-romaine (forum, amphithéâtres, thermes) et multiplication de la construction privée en ville (domus) et dans les zones rurales (villa).
À part quelques cas isolés d’exploitations souterraines identifiées dans l’ouest de l’Allemagne (Palatinat), les carrières antiques étaient basées sur la technique de l’exploitation à ciel ouvert. On recherchait les endroits où les formations géologiques de bons matériaux affleuraient. Après avoir enlevé les matériaux médiocres et les terrains de recouvrement, on procédait à l’« abattage » de la pierre, c’est-à-dire à l’extraction proprement dite. Une fois dégagée la surface supérieure du banc à extraire, on traçait dessus les modules de base des blocs désirés. Puis on creusait au pic des tranches verticales. À l’issue de l’extraction, le carrier procédait à la première taille, qui consistait à donner au bloc les dimensions et la forme générale commandée par le constructeur.
La pierre à bâtir n’a pas été la seule roche exploitée pour les constructions antiques. Ainsi l’essentiel du marbre que les Gallo-Romains ont introduit dans leurs monuments publics et leurs riches habitations provenait de Gaule : les plus beaux marbres blancs étaient ceux de Saint-Béat (Ariège), dont les carrières sont encore en activité aujourd’hui ; le marbre blanc grisâtre de Châtelperron (Allier) est très fréquent dans les villes antiques du centre et du nord de la France…
D’autres types de matériaux ont fait l’objet d’extraction : ceux que l’on doit transformer. Le premier est l’argile, dont sont faites les briques et les tuiles. Les « argilières » ont été exploitées soit à ciel ouvert soit par puits et galeries. Les alluvions anciennes à forte teneur en alumine ont aussi été utilisées, comme à Paris dans le site des « Tuileries ». Quant au gypse, ses blocs cuits, broyés pour les réduire en une poudre ensuite recombinée avec l’eau deviennent le plâtre. On trouve du gypse en Lorraine, dans les Alpes du Sud et dans le Bassin parisien. D’autres matériaux enfin ont connu un usage encore plus discret : les cailloux concassés, sables, etc. qui ont servi de soubassement aux rues et aux routes antiques, en quelque sorte des granulats avant la lettre.
La fin perturbée de l’Antiquité marque un ralentissement assez net de l’activité extractive. Les murs d’enceinte construits au IIIe siècle pour délimiter la ville rétrécie l’ont été, bien souvent, en réemployant les pierres d’édifices démontés ainsi que de monuments funéraires.
- Un exemple de réemploi durant l’Antiquité : le rempart antique de Limonum découvert rue du Puygarreau à Poitiers en 2012. Ses fondations, qui mesurent 6 m de large pour plus de 2 m de profondeur, sont essentiellement constituées de blocs prélevés sur les monuments de la ville (les temples, les thermes publics, le forum et même les stèles funéraires des cimetières) après qu'ils aient été démontés.
Un exemple de réemploi durant l’Antiquité : le rempart antique de Limonum découvert rue du Puygarreau à Poitiers en 2012. Ses fondations, qui mesurent 6 m de large pour plus de 2 m de profondeur, sont essentiellement constituées de blocs prélevés sur les monuments de la ville (les temples, les thermes publics, le forum et même les stèles funéraires des cimetières) après qu'ils aient été démontés.
© Frédéric Gerber, Inrap - Sur le site de la Corderie à Marseille, l’extraction de ce calcaire dit « de Saint-Victor » a laissé des traces sur près de 6 m de haut. Exploitée pendant plusieurs décennies aux VIe et Ve siècles avant notre ère, la carrière est abandonnée et comblée dans le premier quart du Ve siècle.
Sur le site de la Corderie à Marseille, l’extraction de ce calcaire dit « de Saint-Victor » a laissé des traces sur près de 6 m de haut. Exploitée pendant plusieurs décennies aux VIe et Ve siècles avant notre ère, la carrière est abandonnée et comblée dans le premier quart du Ve siècle.
© Denis Gliksman, Inrap - La carrière gallo-romaine de l'Estel (ici lors de sa fouille de 1998) a fourni l'essentiel de la pierre de taille (un calcaire coquiller) qui a servi à construire le Pont du Gard, situé à 700 m en amont. Abandonnée à la fin du Ier siècle, elle ne sera à nouveau exploitée qu'au XVIIIe siècle.
La carrière gallo-romaine de l'Estel (ici lors de sa fouille de 1998) a fourni l'essentiel de la pierre de taille (un calcaire coquiller) qui a servi à construire le Pont du Gard, situé à 700 m en amont. Abandonnée à la fin du Ier siècle, elle ne sera à nouveau exploitée qu'au XVIIIe siècle.
© Jean-Claude Bessac - Le sarcophage de saint Cassien, homme d'église décédé en 435 à Marseille, se trouve dans la crypte de l'abbaye de Saint-Victor, qu'il avait lui-même fondée. Réalisé en marbre de Saint Béat (Haute-Garonne), il était initialement destiné à un enfant et sert maintenant d'autel.
Le sarcophage de saint Cassien, homme d'église décédé en 435 à Marseille, se trouve dans la crypte de l'abbaye de Saint-Victor, qu'il avait lui-même fondée. Réalisé en marbre de Saint Béat (Haute-Garonne), il était initialement destiné à un enfant et sert maintenant d'autel.
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