L’archéologie des carrières aujourd'hui : Une collaboration essentielle

L’archéologie, d’abord de « sauvetage » puis « préventive », dans les carrières de granulats a débuté en basse vallée de la Seine dès 1960. Cette rencontre décisive entre carriers et archéologues s’est progressivement structurée, car les surfaces exploitées se multipliaient, entraînant la découverte d’un très grand nombre de sites archéologiques. Confrontés à cette situation, les archéologues, bénévoles au départ et professionnels par la suite, ont eu le mérite de fouiller des gisements dont l’intérêt scientifique a depuis largement dépassé les limites régionales, comme à Noyen-sur-Seine, Grisy, Balloy, Marolles-sur-Seine, etc. Des pratiques de terrain inédites ont alors été mises au point, en particulier le décapage mécanique par passes successives à reculons (en rétroaction) pour aborder des sites très étendus et poser les base d’une réflexion sur l’environnement et l’évolution des milieux au cours du temps.

Au-delà de la simple préservation du patrimoine, il s’est rapidement avéré que l’archéologie en carrières aboutissait à une recherche de pointe, du fait qu’elle offre l’accès à de vastes espaces et d’importantes portions du territoire recelant des vestiges de toutes les périodes. La surveillance systématique de terroirs entiers, dans le cadre du suivi des zones exploitées et de différents programmes de recherche, permet de retrouver tous les vestiges, même les plus ténus. Elle procure aux archéologues des masses d’informations qui, s’assemblant à la façon d’un vaste puzzle diachronique, permettent de restituer l’histoire des sites comme des paysages géographiques et humains sur la très longue durée. L’étude des vallées en particulier permet une approche globale de l’évolution des sociétés au cours du temps.

Ainsi l’exploration des vallées d’Île-de-France, du nord de la Bourgogne ou de Picardie révèle plusieurs millénaires d’activité humaine. Celles de l’Aisne et de l’Oise se caractérisent par de larges méandres. Constituées de terres légères et faciles à défricher, les basses terrasses qui encadrent les cours d’eau ont été occupées de tout temps. On y repère au moins un site archéologique par hectare. Les recherches entreprises conduisent à une connaissance approfondie de certains moments ou de certains aspects de cette longue évolution, tels que l’implantation des premiers agriculteurs, les pratiques funéraires de l’âge du Bronze, les sociétés gauloise et gallo-romaine, ou encore les interactions entre l’homme et son environnement.

Il s’est dès lors avéré que l’importance et la sensibilité archéologique des surfaces concernées par l’extraction des granulats impliquaient de procéder à des études d’impact, des diagnostics archéologiques et des fouilles sous le contrôle des services de l’État.