Carriers et archéologues : Les apports historiques des carrières à l’archéologie
La relation entre carriers et archéologues s’est établie, tardivement, depuis le XIXe siècle. L’activité des carriers a indirectement contribué à structurer la compréhension du passé. Elle est à l’origine de bien des découvertes qui font aujourd’hui encore référence. Celles d’outils en silex dans les carrières de Saint-Acheul (Somme) ou dans les gravières de Chelles (Seine-et-Marne) ont permis de définir des subdivisions dans le Paléolithique (Chelléen, Acheuléen, etc.) en fonction des technologies appliquées au travail de la pierre. On peut citer encore l’impressionnante collection d’objets de l’âge du Bronze (haches, épingles, pointes de lances) récupérés lors des dragages de la Seine par l’entreprise des Sablières de la Seine… Ayant constaté que les couches sédimentaires correspondent à des périodes différentes, les plus anciennes étant les plus profondes et les plus récentes les plus superficielles, les archéologues ont appris à utiliser la stratigraphie pour dater les vestiges qu’ils découvraient.
En 1844, Jacques Boucher de Perthes découvre les trouvailles réalisées dans la carrière de sable de Menchecourt, un faubourg d’Abbeville (Somme) : des silex taillés associés à des restes d’animaux disparus, dont des mammouths. C’est le début du rôle majeur des carrières de sable et d’argile dans la construction de l’archéologie préhistorique. Dès 1859, les géologues anglais Prestwich et Evans, lors d’une visite de la carrière de Saint-Acheul (Amiens), découvrent un biface en place dans la coupe. Une photographie, sans doute la première à caractère archéologique, atteste la réalité de la découverte. L’engouement des préhistoriens est dès lors immense, et les visites se succèdent dans ces carrières au fur et à mesure de leur exploitation. Des bifaces sont échangés, envoyés à de nombreux collègues et institutions savantes ; l’un d’eux est même exposé à l’exposition universelle de 1867.
Le nombre de carrières a fortement diminué après la Première Guerre mondiale, mais certaines ont fourni aux archéologues des éléments précieux, comme l’exceptionnel site de Pincevent (Seine-et-Marne, vers 10000 avant notre ère). Outre l’immense apport de ce site pour la connaissance de la culture magdalénienne (-18000 à -12000), les méthodes novatrices de fouille qui y furent développées dès les années 1960 s’appliquent toujours actuellement et permettent une approche fine des modes de vie des chasseurs-cueilleurs paléolithiques.
- Cette photographie, prise en avril 1859 à la demande des visiteurs anglais de Boucher de Perthes, J. Prestwich et J. Evans, présente la trouvaille d’un biface encore en place dans la stratigraphie de la carrière de Saint-Acheul. Comme le dit la légende originale, « L’ouvrier montre du doigt la hache engagée dans la masse de cailloux ». Il s’agit là d’un moment important dans l’usage de la photographie comme moyen de démonstration objective.
Cette photographie, prise en avril 1859 à la demande des visiteurs anglais de Boucher de Perthes, J. Prestwich et J. Evans, présente la trouvaille d’un biface encore en place dans la stratigraphie de la carrière de Saint-Acheul. Comme le dit la légende originale, « L’ouvrier montre du doigt la hache engagée dans la masse de cailloux ». Il s’agit là d’un moment important dans l’usage de la photographie comme moyen de démonstration objective.
© Bibliothèques d’Amiens Métropole - Vue du chantier ferroviaire qui a permis la mise au jour des bifaces de Chelles. In La Création de l’homme et les premiers âges de l’humanité.
Vue du chantier ferroviaire qui a permis la mise au jour des bifaces de Chelles. In La Création de l’homme et les premiers âges de l’humanité.
© Henri Raison du Cleuziou, 1887 - L’étude des pierres taillées a dans un premier temps permis de préciser les subdivisions culturelles de la Préhistoire (Acheuléen, Chelléen, etc.). Grâce à l’archéologie expérimentale et à l’observation fine des stigmates laissés sur la roche, la classification originelle s’est affinée jusqu’à produire le découpage actuel en : Paléolithique inférieur, auquel sont associés les bifaces de Saint-Acheul ou d’Abbeville ; Paléolithique moyen avec les outils attribués aux Néandertaliens, tels ceux découverts dans la carrière de Tourville-la-Rivière (Seine-Maritime) ; Paléolithique supérieur, auquel s’apparente le site exceptionnellement bien conservé d’Alizay-Igoville (Eure).
L’étude des pierres taillées a dans un premier temps permis de préciser les subdivisions culturelles de la Préhistoire (Acheuléen, Chelléen, etc.). Grâce à l’archéologie expérimentale et à l’observation fine des stigmates laissés sur la roche, la classification originelle s’est affinée jusqu’à produire le découpage actuel en : Paléolithique inférieur, auquel sont associés les bifaces de Saint-Acheul ou d’Abbeville ; Paléolithique moyen avec les outils attribués aux Néandertaliens, tels ceux découverts dans la carrière de Tourville-la-Rivière (Seine-Maritime) ; Paléolithique supérieur, auquel s’apparente le site exceptionnellement bien conservé d’Alizay-Igoville (Eure).
© Raphaël Dallaporta, Inrap